L’Altruisme (Notes brouillonnes)

ALTRUISME

DEFINITION :

D’une manière générale, l’altruisme consiste à agir pour le bien d’autrui. Mais on peut définir l’altruisme en prenant en compte différents degrés : (1) s’abstenir de nuire à autrui ; (2) agir pour le bien d’autrui si cela est compatible avec notre propre intérêt ; (3) agir pour le bien d’autrui tant que cela n’occasionne pas un sacrifice ; (4) agir pour le bien d’autrui en acceptant un sacrifice. Les débats philosophiques prennent généralement en compte ces différents degrés, tandis que le sens commun tend à n’accepter que l’action pour le bien d’autrui impliquant un sacrifice, ce qu’on appelle plus précisément « l’abnégation ».

QUESTIONS :

(1) L’altruisme existe-t-il ? Ou l’homme n’agit-il en réalité que pour son propre bien (égoïsme) ?

Selon l’égoïsme psychologique, version forte, l’homme est toujours motivé par son intérêt personnel, jamais celui d’autrui. Selon une version faible, son altruisme n’est jamais pur, et selon une autre version, nous n’acceptons jamais de sacrifice.

Un égoïste psychologique peut affirmer que l’homme est toujours – selon ses observations – motivé par ses propres intérêts. Mais, en sens contraire, il suffit d’observer un seul cas pour que ce soit faux, à commencer par soi-même. Des études empiriques peuvent être avancées, mais elles jettent plutôt le doute sur l’égoïsme psychologique, et de toute façon il faut encore les généraliser. Encore une fois, une seule exception suffit.

Un argument a priori peut défendre que l’homme est toujours motivé par un désir, or tous les désirs répondent à un besoin personnel. Une action prétendument altruiste est donc en réalité égoïste. Pourtant, on peut désirer des choses qui ne sont pas liées à l’intérêt personnel (par exemple, l’épanouissement de ses enfants après sa propre mort). D’autre part, le désir n’est pas la seule source de motivation. On peut accomplir un acte indésirable par devoir (aider une personne désagréable).

L’égoïsme psychologique peut défendre que l’altruisme n’est jamais pur. C’est difficile à réfuter. Peut-être avons-nous des motivations inconscientes. Il en va de même pour l’égoïsme selon lequel nous n’accepterions aucun sacrifice. Il faudrait partir de l’expérience. Mais il est douteux qu’il y ait une nature humaine uniforme. Certaines sont plus égoïstes, d’autres plus altruistes.

On peut renverser la charge de la preuve : y a-t-il quelque chose comme un égoïsme pur ? Comment être sûr que nous n’avons jamais de motif altruiste ? Une grande partie de nos actions ont une influence sur autrui et nous nous en soucions.

(2) Devrions-nous être altruistes ? Si oui, pourquoi devrions-nous être altruistes ?

→ Arguments en faveur de l’égoïsme :

(1) Nous sommes naturellement égoïstes, or nous devons agir conformément à notre nature, nous devons donc être égoïstes. (Version plus faible : L’homme est un animal rationnel, or le rationalisme consiste à maximiser ses intérêts, nous ne devons être altruiste qu’autant que cela est dans notre intérêt.)

(2) Nous sommes naturellement égoïstes ; nous ne pouvons donc pas agir de façon altruiste ; nous n’avons pas le devoir de faire ce que nous ne pouvons pas faire ; donc nous n’avons pas le devoir d’être altruiste.

(3) Nous n’avons aucune raison d’accorder un poids moral aux intérêts et au bien-être d’autrui.

→ Arguments en faveur de l’égoïsme (compléments, cf. J. Rachels) :

(1) Chacun de nous connaît mieux ses propres besoins et désirs et est le mieux à même d’y répondre. Par conséquent, il vaut mieux que chacun s’occupe de lui-même. Se faire le gardien de son frère impliquerait un moindre bien.

(2) Donner la charité à quelqu’un, c’est le dévaluer, signifier qu’il est incapable de se prendre en charge.

(3) Pour Ayn Rand, l’altruisme considère l’individu comme sacrifiable. L’individu n’existe plus pour lui-même, mais pour rendre service et se sacrifier. Le but de la vie devrait être de s’amuser et de vivre.

(4) Selon Rand, c’est l’altruisme qui discrimine : il préfère autrui à moi-même, alors que chacun de nous veut son propre bien. Pourquoi celui d’autrui aurait-il plus de valeur que le mien ?

(5) Tous nos devoirs communément acceptés consiste à protéger les intérêts personnels (tenir ses promesses, ne pas voler, ne pas tuer, etc.).

→ Arguments en faveur de l’altruisme :

(1) L’eudémonisme : d’après Aristote, l’homme recherche le bonheur qui consiste en l’accomplissement de soi, dont les vertu morales. L’altruisme peut en faire partie, mais il est alors justifié de façon limité, uniquement tant qu’il n’implique pas un sacrifice pour moi (qui n’irait pas contre mon propre accomplissement).

(2) Le rationalisme : d’après les utilitaristes, nous devons maximiser le bonheur, un individu ne compte pas plus qu’un autre dans ce calcul. S’il n’y a aucune préférence pour soi ou les siens, chacun doit avoir le souci de tous (je ne devrais pas plus me soucier de mes enfants que ceux de mes voisins). D’après les déontologistes, nous devons suivre des règles universelles. Mais celles-ci peuvent impliquer des préférences (pour ses enfants, ses amis, son groupe) si tout homme agirait de même. Le sacrifice est alors limité.

(3) Le sentimentalisme : ce sont nos propres sentiments qui nous portent vers autrui. Selon Kant, un acte est vraiment moral lorsqu’il est mu par le devoir plutôt que les sentiments. Mais une action altruiste sans sentiments ne serait-elle pas défectueuse ? D’un autre côté, Nos sentiments sont généralement limités aux nôtres. Et que faire si nous n’avions pas de tels sentiments ?

(4) La charité chrétienne. Dieu est amour, il aime l’humanité gratuitement et inconditionnellement, il nous appelle à lui ressembler.

(3) Jusqu’où peut-on agir dans pour le bien d’autrui ? Y a-t-il des limites à l’altruisme ?

→ Limites émotionnelles.

→ Limites vitales.

→ La charité chrétienne appelle à transcender les limites, de façon irréalisable d’un point de vue naturel. Nous devons ressembler à des dieux, sachant que nous ne le sommes pas.

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