Définition
Le mot « solidarité » vient du latin solidus qui signifie « massif », « qui forme un bloc ».
La solidarité désigne une relation de dépendance et d’assistance mutuelle de parties à l’égard d’un tout. Les organes sont solidaires au sein du corps. Les individus sont solidaires au sein d’une société. Les époux sont solidaires dans le mariage.
Dans la mesure où il est un animal social, la solidarité est un fait naturel pour l’homme. La solidarité n’est pas seulement synchronique (société actuelle), mais aussi diachronique (solidarité intergénérationnelle, héritage, etc.).
L’assistance que se portent les membres solidaires d’un même groupe (familiale, professionnel, etc.) s’explique aisément par leurs interdépendance, leurs devoirs et leurs intérêts communs.
Durkheim distingue deux types de solidarité. La solidarité « mécanique » désigne la solidarité dans les sociétés peu différenciées où les individus sont relativement semblables. La solidarité « organique » désigne la la solidarité issue de la division du travail, qui repose sur une différenciation des fonctions.
La solidarité est aussi une vertu, un sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une assistance mutuelle.
Versus la charité
La solidarité se distingue de la charité. Dans la solidarité, on s’entraide par devoir et par intérêt du fait de l’interdépendance. L’assistance mutuelle aide le tout dont on est membre. Au contraire, la charité est un don gratuit et inconditionné, elle donne même à l’absolu étranger sans rien attendre en retour. La solidarité se fonde sur le sentiment identitaire (la famille, la nation, etc.), alors que la charité ne peut se fonder que sur une haute idée du désintéressement.
La solidarité est une idée anti-individualiste contrairement à la charité, parce qu’elle suppose l’individu d’abord membre d’une communauté vis-à-vis de laquelle il a des devoirs. La logique de l’assistance est également très différente : le riche doit (par l’impôt) assister les pauvres, c’est pour eux un droit, mais aussi un bénéfice pour le riche qui paie ainsi le prix de la paix et de l’harmonie sociale. L’assurance est l’idéal de la solidarité. Dans le cas de la charité, celle-ci est un don pur, le don n’est pas un dû. La philanthropie est l’idéal de la charité. Une critique considère que l’assisté est considéré de façon diminuée, inégal, n’étant pas reconnu comme essentiel au tout qu’il forme avec son donateur et n’ayant pas le devoir de rendre la pareille.
Historiquement, la solidarité devient une valeur morale important au XIXe siècle, lorsque on cherche à remplacer la charité, trop religieuse, par une valeur et une morale laïque, afin d’assoir la République.
Si Dieu est le fondement de la charité, la solidarité a dû se trouver une autre justification. Léon Bourgeois affirme que Pasteur a découvert les microbes, l’interdépendance des êtres vivants, le fait que chacun peut devenir un foyer de contamination pour autrui. Les hommes sont solidaires (biologiquement), ils s’affectent mutuellement, ils doivent donc l’être (moralement) pour vivre. De plus, on peut transmettre une maladie sans le savoir, bien qu’on soit tout de même transmetteur. De même, il faut un combat collectif, une intelligence collective, des moyens collectifs, pour surmonter l’ignorance individuelle. On ne combat pas une maladie contagieuse individuellement, il faut des politiques publiques fortes. L’individu doit abandonner sa souveraineté à un Etat qui prend soin de sa santé (et ici de sa vie entière). C’est ainsi que le solidarisme de Léon Bourgeois va justifier sa morale, sans faire appel à Dieu : nous sommes interdépendants, nous devons donc prendre soin les uns des autres.
Solidarité, charité et théologie
Dans la théologie chrétienne, Dieu est amour (caritas), d’un amour gratuit et inconditionnel. Mais cet amour se transformer en solidarité: Dieu donne, se donne, et partage la condition humaine dont il devient solidaire. Selon les théologies, les hommes sont solidaires du premier péché, le Christ également, mais les chrétiens sont également solidaires de sa rédemption, et forment un corps dont il est la tête.